La visite hebdomadaire au supermarché est longtemps resté un classique pour bon nombre de Français. Pourtant, l’âge d’or des grandes surfaces est peut-être déjà passé. Aujourd’hui, ces temples de la consommation voient leurs ventes stagner, voire baisser. Surtout, ils sont confrontés à l’émergence de modèles de consommation plus respectueux du producteur et de l’environnement. Dès lors, peut-on sérieusement imaginer vivre sans supermarchés ?
D’où viennent les supermarchés ?
L’apparition des supermarchés résulte en fait à plusieurs innovations successives.
Parlons tout d’abord du concept de libre-service, breveté par l’entrepreneur Clarence Saunders en 1917. Il permet pour la première fois aux clients de déambuler dans un magasin et de se servir eux-mêmes. Une mode qui conquiert l’Amérique lors de la décennie suivante et arrivera en France 30 ans plus tard (1948).
C’est encore de l’autre côté de l’Atlantique, dans le Queens new-yorkais en pleine Grande Dépression, que Michael Cullen ouvre un premier supermarché en août 1930. Il amasse alors des tonnes de marchandises dans un garage désaffecté, reprend l’idée du libre-service à son compte, et tient à garder ses prix bas.
Parallèlement en France, le taux d’équipement des ménages en réfrigérateurs est encore trop faible. Ce qui fait dire aux industriels tricolores qu’il faut encore patienter pour importer ce modèle.
Le premier supermarché de l’Hexagone ouvre finalement ses portes le 15 octobre 1958 à Rueil-Malmaison, en région parisienne. Avec 550 m2 d’espace, il est tenu par la succursale Goulet-Turpin.
Dans le même temps, le grossiste et commerçant breton Edouard Leclerc expérimente la vente de produits au prix de gros du côté de Landerneau. C’est l’un des premiers à casser les prix de cette façon en France. Ce sont les débuts du discount alimentaire dans le pays.
La pratique des prix bas est reprise partout et, quelques années plus tard, elle devient le modèle dominant pour toutes les enseignes de la grande distribution. Pour l’anecdote, Edouard Leclerc doutera néanmoins du succès des grandes surfaces jusqu’en 1961, date à laquelle il ouvrira son premier magasin en Bretagne.
Entre les années 1960 et aujourd’hui, la consommation de masse est devenue la norme. C’est notamment vrai pour la génération des baby-boomers qui aura vu à la fois l’émergence, l’apogée et le déclin de la grande distribution.
Aujourd’hui, il existe 2200 hypermarchés de plus de 2 500 m2 en France. Ainsi, 75.3 % des Français disent se rendre au supermarché au moins une fois par mois.
Pourtant, le secteur connaît une baisse progressive de la fréquentation depuis 15 ans. En 2019, la vente totale de produits alimentaires dans la grande consommation a baissé de 1.4 %.
Consommer mieux : c’est plus facile dans les villes
Bien qu’elle se soient généralisées partout en France, les grandes surfaces ont peut-être amorcé une lente phase de déclin, au profit des commerces qui font directement le lien entre les producteurs et les consommateurs comme les AMAP.
Aujourd’hui, 7.4 % des consommateurs se rendent dans un magasin de vente directe tous les mois et 3.2 % dans un magasin participatif. Pourtant, ce mode de vie est surtout viable dans les grandes métropoles. En effet, les zones rurales, alors même qu’elles sont les pourvoyeuses quasi exclusives de produits agricoles, ne disposent quasiment d’aucun point de vente !
Ainsi en France, sur les 2000 Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP), 10 % se trouvent en Île-de-France. C’est la même chose pour les points de vente référencés par le site La Ruche Qui Dit Oui. On en trouve 160 en Île-de-France quand d’autres régions sont nettement moins pourvues (6 points de vente dans le Limousin, 8 en Auvergne, 11 en Champagne-Ardenne).
Enfin, les marchés traditionnels sont toujours aussi prisés mais eux aussi sont plus accessibles aux urbains qu’aux ruraux. En réalité, peu de villages continuent d’en accueillir. Résultat : ce sont les profils citadins, diplômés, aux revenus élevés qui utilisent le plus les circuits indépendants, alors que les habitants des campagnes continuent de se rendre dans l’hypermarché le plus proche de chez eux.
La consommation de masse commence à évoluer, mais de manière inégale suivant le lieu de résidence. Malgré tout, il est utile de rappeler que de tels changements d’habitude ne coûtent pas forcément plus cher.
Des modèles de consommation alternatifs
Se priver de supermarché implique de consacrer plus de temps à son alimentation, de réapprendre à cuisiner et de prendre le temps de manger. Bien sûr, les produits locaux et issus de l’agriculture biologique coûtent en moyenne plus chers. Mais il est possible de baisser largement le montant des courses en réduisant sa consommation de viande.
Initiée en 2017 par le média suisse En Vert Et Contre Tout, l’opération « Février sans supermarché » rencontre un succès grandissant. En 2018, elle aurait mobilisé 20 000 personnes à cheval entre la France et la Suisse. Surtout, elle offre la possibilité d’expérimenter et de favoriser de nouvelles formes de distribution (« de l’agriculteur au consommateur »).
Quel est l’objectif ? Simplement d’éviter d’aller dans des grandes surfaces pendant un mois en privilégiant les commerces indépendants, les circuits courts et une autre façon de consommer. Il ne s’agit pas d’un boycott en bonne et due forme des supermarchés, mais plutôt d’une consommation réfléchie basée sur les questions suivantes : À qui profite l’argent de nos achats ? Comment sont rémunérés les producteurs ?
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