En décembre 2020, Singapour a autorisé la vente de morceaux de poulet cultivés en laboratoire. Une innovation spectaculaire considérée par certains comme un moyen fiable de remplacer l’élevage intensif. Mais qu’en est-il vraiment ? On vous dit tout sur le sujet.

Un secteur porteur et des investissements conséquents

En 2013, un enseignant de l’université de Maastricht, Mark Post, présentait le premier burger constitué d’un steak de viande cultivée en laboratoire. Une première qui a suscité l’intérêt de mastodontes du secteur. De son c^pté, percevant le potentiel économique de cette innovation, le scientifique fonde rapidement sa propre société, Mosa Meat.

Aujourd’hui dans le monde, une cinquantaine d’entreprises se sont lancées sur ce marché. Memphis Meats, Aleph Farms, SuperMeat, Future Meat Technologies, Meatech, la plupart sont des start-up qui appartiennent aux géants de l’agroalimentaire (Cargill, Tyson Food, Grimaud, etc.). Certaines ont même su attirer des investisseurs fortunés et renommés (Richard Branson, Bill Gates, Leonardo Di Caprio).

Ces investissements s’accroissent d’année en année : en 2020, 360 millions de dollars ont été récoltés. C’est six fois plus qu’en 2019.

À ce jour, la start-up américaine Eat Just est la première entreprise à avoir commercialisé de la viande produite en laboratoire. Depuis le mois de décembre 2020, elle est autorisée à vendre des morceaux de poulet par l’agence de sécurité alimentaire de Singapour. De leur côté, les sociétés concurrentes (notamment Mosa Meat) visent une autorisation de mise sur le marché en 2022.

Pour expliquer son choix, la cité-État asiatique défend « une avancée pour l’industrie mondiale ». De son côté, Eat Just estime que la consommation mondiale de viande augmentera de 70 % d’ici 2050. Or, on sait que le modèle de production actuel de viande est l’un des facteurs-clés du réchauffement climatique.

Quel est l’impact de la consommation actuelle de viande dans le monde ?

  • Aujourd’hui, la FAO (l’agence onusienne qui travaille sur l’alimentation et l’agriculture) estime que 83 % de la surface agricole mondiale est utilisée pour l’élevage (pâturage du bétail et production des céréales destinées à le nourrir)
  • 1/3 des céréales récoltées chaque année dans le monde servent à nourrir le bétail (670 millions de tonnes, soit suffisamment pour nourrir 3 milliards d’humains)
  • 70 % de l’eau douce mondiale est consacrée en grande partie à l’élevage
  • La production d’un kilogramme de bœuf nécessite 13 500 litres d’eau. En comparaison, un kilogramme de riz en demande 1400 litres, et un kilogramme de blé 1200 litres
  • Le développement des terres agricoles pousse à la déforestation, alors que les forêts sont une barrière naturelle au réchauffement climatique
  • L’élevage intensif est une source connue de méthane et de gaz à effet de serre. On estime que les animaux et l’agriculture liée à leur alimentation (soja notamment) sont à l’origine de 15 % des émissions de gaz à effet de serre. C’est plus que les émissions de CO2 résultant des transports (avions, voitures, bateaux, etc.).

La viande de laboratoire : comment ça marche ?

Des cellules musculaires sont prélevées sur un animal adulte. Placées dans des enceintes stériles et alimentées en liquide nutritif, ces cellules souches sont capables de se multiplier en étant stimulées par des facteurs hormonaux précis. Elles sont ensuite assemblées en un tissu musculaire consommable.

L’objectif de ce procédé est de prélever un échantillon sur un animal, de manière à produire jusqu’à 20 000 tonnes de viande. Seulement pour l’instant, on parvient uniquement à fabriquer des fibres musculaires, et pas encore ce qu’il y a autour (nerfs, vaisseaux sanguins, matières grasses).

Quelle empreinte carbone ?

De telles cultures cellulaires ont des besoins énergétiques importants en termes d’infrastructures. Tandis que l’adoption de la viande en laboratoire est défendue par ses partisans comme un moyen de réduire les gaz à effet de serre, un rapport du Forum économique Mondial note que cette baisse ne serait que de 7 % dans le cas de figure où la consommation mondiale grimperait à 70 % d’ici 2050.

Ainsi, quel que soit le scénario, une consommation élevée de viande porte préjudice à l’environnement, tout comme à la santé des individus. Ce n’est pas pour rien que l’immense majorité des nutritionnistes recommande, sans discontinuer, des modèles alimentaires moins carnés.

Est-ce bon pour la santé ?

Alors que les animaux ont un système immunitaire qui les protège contre les infections bactériennes, ces cultures cellulaires en sont dénuées. Seulement, ces tissus riches en nutriments font proliférer les bactéries beaucoup plus vite que les cellules animales.

Cela implique donc de les produire, de les transporter et de les stocker dans environnements 100 % stériles, à l’image des salles blanches utilisées dans l’industrie pharmaceutique. Seulement, celles-ci obtiennent cette stérilité au prix d’une utilisation conséquente de plastiques divers.

Et qu’en est-il pour notre santé ?

Les producteurs de viande en laboratoire communiquent beaucoup sur les qualités nutritionnelles, jugées équivalents à de la viande normale. Pourtant, à ce stade, rien ne le prouve !

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